Tétraplégique depuis un accident lors d’une mêlée, Tony s’est lancé un pari fou

Tony Moggio s’entraîne à nager, à l’aide d’un équipement spécifique.
Tony Moggio s’entraîne à nager, à l’aide d’un équipement spécifique. Photo DR

Devenu tétraplégique au cours d’une mêlée au rugby, Tony Moggio se lance le défi de relier Sainte-Maxime et Saint-Tropez à la nage, à l’aide d’un dispositif adapté. Récit d’un battant.

Victime à 24 ans d’un terrible accident lors d’une mêlée, Tony Moggio rest un homme de combat.

Voilà pourtant huit ans que ce rugbyman toulousain est cloué sur un fauteuil roulant après une rupture complète de la moelle épinière qui lui laisse une pathologie lourde: « Je suis paralysé au niveau du torse, je bouge les bras mais pas les triceps. J’ai un peu de biceps et de poignets mais pas de motricité des doigts. Ma capacité respiratoire a baissé de moitié ».

DONNER L’EXEMPLE

Des difficultés qui n’entament en rien la détermination de Tony, en pleine préparation de la traversée du Golfe à la nage. Un pari fou dont il a eu l’idée du jour au lendemain: « Je venais de terminer un livre sur ma vie. Mon nouveau projet était de reprendre une activité physique. J’ai toujours été sportif. C’est en animant une conférence sur Thierry Corbalan, un homme amputé des bras qui a traversé les bouches de Bonifacio à la nage, que j’ai eu cette idée. Aucun tétraplégique n’a jamais réalisé une traversée de 4 km. Je me suis dit que c’était à moi de le faire. C’était mon tour ».

Habitant de Toulouse, Tony a choisi le Golfe par affinité: « C’est notre destination de vacances avec mes parents, ma sœur, mon épouse et mes amis. On loue une maison à Sainte-Maxime où l’on savoure les belles journées ensoleillées ».

La traversée se fera à une date très précise: le 14 juin 2019. « C’est très symbolique. Elle a d’abord été fixée en accord avec les capitaineries mais elle représente autre chose à mes yeux. Le 14 juin, c’est la fête des pères et avoir un enfant est l’un de mes rêves les plus chers. Lorsque je réaliserai mon défi, j’espère que ma femme sera enceinte ou, mieux encore, qu’elle m’attendra de l’autre côté du Golfe avec notre bébé dans ses bras ».

UN CŒUR DE SPORTIF

Pour accomplir son exploit, Tony s’aidera d’un matériel particulier: « c’est une sorte de transat qui flotte, sur lequel je serai sanglé. Je vais nager à reculons à l’aide de palmes ».

Un équipement adapté à son handicap, mais qui n’enlève rien au défi physique: « L’effort va être intense, surtout avec une capacité respiratoire amoindrie. Alors je soigne ma préparation à raison d’une à deux heures de piscine par semaine, du renforcement musculaire et de la boxe. J’ai des coachs exceptionnels ».

Dès la reprise du sport, Tony connait ses premières satisfactions: « Je me suis senti incroyablement bien. Quel bonheur de ressentir la fatigue d’après l’effort. Mon rythme cardiaque s’améliore. Je me suis rendu compte que mon corps d’ancien sportif était toujours là. Mon cœur bat à 74 pulsations par minute dans l’effort. Je ne suis pas essouflé, je ne ressens pas la fatigue ».

A ce jour, l’ancien rugbyman apprécie ses premiers résultats: « Je parcours 25 m en moins de 2 mn. J’imagine clôturer ma traversée en 3h – 3h30 ».

Bien décidé à aller jusqu’au bout, Tony n’a rien laissé au hasard: « J’ai neuf sponsors qui me soutiennent dont les bateaux verts. Comme j’avancera à reculon, j’aurai besoin d’être guidé. Leur présence représentera aussi une protection ».

 UNE ÂME DE MESSAGER

Avec toujours un projet d’avance – il prépare un second livre – Tony a relégué loin la détresse qui a suivi son accident: « C’était lors d’un match de rugby. Mon pied était mal placé dans une mêlée et lorsque elle a tourné, mon corps a suivi mais ma tête est restée dans l’axe. Un accident bête comme on dit qui m’a précipité au bord du gouffre. Pour ne pas sombrer, j’ai appris à m’en sortir. Il faut se construire, aller de l’avant ».

Une force de volonté qui a changé sa vie: « Aujourd’hui, j’arrive à ne plus ressentir le poids de mon handicap. J’ai envie de montrer que c’est possible. Beaucoup de personnes que j’ai rencontrées m’ont comparé à un messager. Si je peux apporter du bien à travers mes défis, donner aux autres l’envie d’avancer, je tiendrai déjà ma victoire. »