Tony Moggio, tétraplégique: 4 km de nage à la force des bras
Un accident peut changer une vie… Tony Moggio, ancien joueur de rugby devenu tétraplégique en a fait l’expérience. Mais il a décidé de faire de son handicap, une force. Le 14 juin 2019, il parcourra 4 km à la nage, à l’unique force de ses bras.
Dernière minute du 17 juin 2019
Programmée le 14 juin, Tony Moggio a dû changer ses plans en catastrophe quand la capitainerie de Saint-Tropez l’a appelé pour lui annoncer que, le jour J, il y aurait des creux de 2 m ! Pour lui il était hors de question d’annuler. La seule solution était de décaler la traversée à la veille. Parti vers 9h, c’est entouré de sa famille et de ses partenaires qu’il s’est lancé dans cette traversée de 4 km, reliant le Port de Sainte-Maxime à celui de Saint-Tropez, à la seule force de ses bras. C’est une première, réussie. Le beau temps et une mer calme étaient au rendez-vous. En à peine 3h05, le nageur a relevé son défi. Record battu !
Article initial du 11 juin 2019
Pour certains, le handicap n’est pas synonyme de capacités réduites, bien au contraire, c’est un motif de dépassement de soi. Tony Moggio, ancien rugbyman amateur, est l’un d’entre eux. En 2010, un accident provoqué lors d’un match le rend tétraplégique. Pas question de se laisser abattre, il décide de faire de son handicap un atout. « Cet accident m’a permis d’exister, d’ouvrir les yeux sur le bon et le mauvais et de faire plein de belles rencontres », positive-t-il. En 2015, il publie un livre plein d’espoir, intitulé Talonneur brisé (éditions Privat). Trois ans plus tard, il sent le besoin de se lancer un nouveau défi… Le 14 juin 2019, il reliera le port de Sainte-Maxime à celui de Saint-Tropez, soit 4 km à la seule force de ses bras. Avec ce challenge, il veut transmettre un message d’espoir : « L’impossible n’existe pas ! »
Entraînements complets
C’est en 2018, à l’âge de 34 ans, que Tony a le déclic. « Je suis passé tout près de la mort, c’est sans doute cela qui me pousse à me surpasser, pour montrer que l’on peut aller au bout des choses quand on a l’envie. Ce n’est pas parce qu’on est porteur d’un handicap que l’on est forcément moins performant sportivement ni même professionnellement », revendique le sportif. De la volonté, il en a à revendre… Ca tombe bien parce qu’un tel défi demande un entraînement colossal. Il s’y prépare depuis plus d’un an et a dû délaisser les terrains de rugby au profit de la piscine. Tony s’y rend une à deux heures par semaine pour travailler l’endurance et fait, en parallèle, des essais en conditions réelles. « J’évolue à chaque entraînement, en travaillant du fractionné, de l’accéléré, de la nage croisière (distance). Au total, j’ai déjà nagé plus de 130 kilomètres ! », se réjouit-il.
Soutien olympique
Tony fait également du renforcement musculaire (vélo à bras, musculation, boxe), trois à quatre fois par semaine, des séances de kinésithérapie pour augmenter sa capacité respiratoire et consulte un diététicien. « L’alimentation est primordiale quand tu nages aussi longtemps », explique-t-il. En cas de coups de mou, il peut compter sur Florent Manaudou, triple champion du monde de natation et champion olympique en 2012, pour le remotiver. « Étant moi-même sportif, je sais à quel point le défi que Tony se lance est déjà difficile pour une personne totalement valide. Il est d’autant plus courageux d’effectuer cet exploit pour une personne ayant ce type de handicap, estime le médaillé. Cela me tient à cœur de soutenir ce genre de challenge physique et sportif. »
Asso Tous pour tous
En parallèle de son défi, Tony a créé l’association « Tous pour tous » pour promouvoir l’insertion des personnes à mobilité réduite notamment par la mise en place de défis sportifs. Tony entend ainsi soutenir, « par tous les moyens », la réinsertion des grands blessés ainsi que « le développement de leur mobilité et moyens de transport quotidiens ». Son parcours n’est pas sans rappeler celui d’autres aventuriers comme Philippe Croizon ou Olivier Gentilini (article en lien ci-dessous), qui ne cessent de repousser leurs limites et de véhiculer un message positif pour montrer que rien n’est impossible, même en cas de handicap.