Tony et Olivier testent le casque Muse./ DDM Xavier De Fenoyl
Tony et Olivier testent le casque Muse./ DDM Xavier De Fenoyl
Publié le 

Tony Moggio, ancien rugbyman amateur, aujourd’hui tétraplégique va traverser le Golf de st Tropez. Il se sent prêt physiquement et met maintenant l’accent sur la préparation mentale.

Derniers entraînements pour Tony Moggio avant le grand bain du 14 juin prochain. Le sportif se sent prêt physiquement et s’attarde maintenant sur sa préparation mentale. Tony et Olivier Leprêtre, son préparateur mental, testent aujourd’hui un nouvel outil de travail. “Muse”, un casque qui mesure l’activité cérébrale de Tony pour qu’il améliore sa concentration.

D’où vous est venue l’idée de ce défi ?

Tony : Après mon accident, j’avais besoin de tirer un trait sur le sportif d’avant, j’ai mis du temps avant de reprendre une activité. Mais au bout de 8 ans j’ai ressenti le manque sportif. Mon premier livre était en fin de promotion et j’avais besoin d’autre chose, d’un défi. J’ai commencé à en parler avant même de savoir si c’était réalisable, de cette manière je m’étais déjà engagé.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?

Tony : Avec ma pathologie j’ai des muscles existants, des muscles partiellement existants et des muscles inexistants. Le bas de mon corps est entièrement paralysé et je n’ai pas non plus l’usage de mes doigts. Je nage sur le dos, à l’aide des muscles de mes épaules. Mais la difficulté n’est pas que physique, il y a des facteurs externes, comme la météo, que je dois savoir anticiper. Je me sens prêt physiquement, j’ai renoué avec le sportif d’avant, maintenant je me prépare mentalement au défi.

C’est là que le coaching psychologique intervient ?

Olivier : C’est la première fois que je coache un sportif handicapé. Quand j’ai rencontré Tony et que j’ai vu par quoi il était passé, je me suis dit qu’il n’avait pas besoin de coach mental. On travaille l’aspect bien-être du défi. Tony est quelqu’un qui a tendance à faire les choses pour les autres, qui a peur de décevoir. On essaye d’anticiper le stress, de travailler son attention et de gérer ses émotions. Il apprend à lâcher prise, à avoir confiance en lui et à vivre cette aventure pour lui.

Tony : Olivier me coache pour que j’apprenne à anticiper le côté inattendu. L’idée est que je sois mis en situation d’urgence avant le 14 juin.

Et le casque…

Olivier : Le casque est un outil de travail qui vient enrichir tout ce que nous avons travaillé en amont. Il envoie des signaux sonores renseignant sur la capacité de concentration de Tony. Sur fond de bruitages de la mer, les vagues sont plus bruyantes si la concentration est faible, à l’inverse on entend les oiseaux.

Vous pensez à l’après ?

Olivier : En effet je suis là pour l’épauler dans ce moment aussi. Une fois que tout va s’arrêter on va faire en sorte d’éviter cette sensation de vide.

Tony : Aujourd’hui je suis le sportif que j’ai toujours voulu être, je n’arrêterai pas de nager après la traversée. Je ne compte pas m’arrêter là, il y aura d’autres défis.


Le défi

Tony Moggio, ancien joueur de rugby amateur, est aujourd’hui privé de l’usage de certains de ses muscles, en février 2010 l’ex-rugbyman est victime d’un accident qui l’a rendu tétraplégique. Il s’entraîne, depuis le mois de février 2018, pour relever son défi : relier le port de Sainte-Maxime à celui de Saint-Tropez à la seule force de ses bras, le 14 juin 2019. Ce défi nécessite un entraînement intensif auquel Tony répond depuis plus d’un an. En effet le sportif travaille son cardio régulièrement, avec un de ses amis boxeur, il nage plusieurs fois par semaine et a déjà, plusieurs fois, atteint les 4 km de la traversée. Physiquement le sportif se sent prêt pour la traversée, maintenant il met l’accent sur la préparation mentale et psychologique accompagné par Olivier Leprêtre son préparateur mental.

Recueilli par Aurélie Rodrigo