La Dépêche du Midi
Tony Moggio, l’ex-rugbyman devenu tétraplégique, va traverser le golfe de Saint-Tropez à la nage
Devenu tétraplégique depuis 2010, suite à un accident de rugby survenu à Labarthe-sur-Lèze alors qu’il jouait un match avec son équipe de Castelginest, Tony Moggio a écrit un livre en 2015 pour raconter son histoire qui s’intitule « Talonneur brisé ». À 33 ans, Tony Moggio se lance dans un incroyable défi. Toujours épaulé par sa famille, il va parcourir 4 kilomètres à la nage en mer Méditerranée. Une première pour un tétraplégique.
Après votre livre, quel est votre nouveau projet ?
Je me lance dans une traversée à la nage de quatre kilomètres entre Saint-Maxime et Saint-Tropez. Pour l’instant je m’entraîne, l’objectif est de réaliser la traversée le 14 juin 2019 si les conditions le permettent. C’est un endroit que j’apprécie car nous avons l’habitude d’y partir en vacances avec ma famille. Sans eux je ne pourrais pas avoir autant de projets.
Pourquoi avoir fait le choix de cette aventure ?
Après mon accident, j’ai eu besoin de sortir ce que j’avais à l’intérieur. Mon livre « Moi Tony Moggio, talonneur brisé » a permis d’exorciser les plaies. Aujourd’hui je vais bien, et je dois avouer que le sport me manquait beaucoup. Pour retrouver les sensations perdues je me suis demandé ce que je pouvais faire. Je me suis tourné vers la natation car sans mes jambes et avec des muscles atrophiés, je suis limité dans les choix. J’ai senti que mon handicap pouvait s’adapter dans ce sport à l’opposé du rugby.
Quel est votre entraînement ?
Je pratique deux à trois entraînements par semaine à la piscine de Saint-Alban. À côté je fais beaucoup d’exercices musculaires, en particulier de la boxe adaptée. Je retrouve la sensation de fatigue et bien-être après avoir fait monter mon cardio. Dans la piscine je suis coaché par Christophe Vidoni, il était mon maître-nageur à l’armée, il connaît mon corps et mes limites. Mon père est aussi très présent pour m’épauler.
Vous avez du matériel adapté ?
Oui j’utilise un Sofao, ses bouées me maintiennent à flot, mais je n’avance que grâce à la force de mes bras armés de palmes. Pour tenir il faudra avoir beaucoup de mental, comme dans le rugby. Le défi que je me suis lancé n’a jamais été effectué. J’ai eu Thierry Corbalan au téléphone, le nageur corse amputé de ses bras. Il m’a donné quelques conseils pour y arriver.
Quel message voulez-vous passer avec cette action ?
Je veux véhiculer un message d’espoir, prouver que l’impossible n’existe pas. Si je peux apporter un petit plus dans la vie des gens, handicapés et valides, j’aurais gagné. Les défis font avancer. Chaque jour je me lève le matin en me demandant ce que je peux faire le lendemain. Quand j’étais valide je n’aurais pas pensé une seule seconde me lancer dans cette aventure. Parfois je me demande même dans quoi je me suis embarqué, mais tant que ma famille m’entoure, le moral est toujours au top.
Un deuxième livre en préparation
Après « Talonneur brisé », Tony Moggio a repris sa plume. En fin d’année il publiera un deuxième livre, toujours sur le rugby. Le titre n’est pas encore publié, mais il traitera de la prévention des risques dans le rugby. Un sport qu’il suit toujours de près et dont il est toujours amoureux. Il a d’ailleurs un avis tranché, malgré son expérience, sur les dangers de ce sport : « Le rugby n’est pas un sport dangereux. Il faut simplement plus de préventions, car les gabarits changent de plus en plus vite, et les contacts sont de plus en plus forts. Il faut donc une prise de conscience plus rapide dans le milieu amateur ». Son livre sera aussi pour lui l’occasion de mettre en lumière les grands blessés du rugby et le développement du rugby féminin en France.