Le « Talonneur brisé » se lance dans une traversée à la nage en Méditerranée à la force des bras

Jeudi 3 mai 2018 à 6:05Par Charlotte JousserandFrance Bleu Occitanie et France Bleu

Après avoir écrit un livre, Tony Moggio se lance dans une traversée à la nage programmée pour le 14 juin 2019. L’ex talonneur de Castelginest va relier le port de Sainte-Maxime au port de Saint-Tropez, soit 4 kilomètres à la nage.

La traversée est programmée au 14 juin 2019
La traversée est programmée au 14 juin 2019 © Radio France – Charlotte Jousserand

Montberon, France

Tony Moggio a déjà commencé les entraînements. Renforcement musculaire et depuis la mi-avril, au moins une fois par semaine, il se rend à la piscine intercommunale de l’Hersain, située à Saint-Alban.

Après son accident pendant un match de rugby en février 2010, il devient tétraplégique. Tony Moggio raconte alors son histoire dans un livre, « Talonneur brisé » qui parait en 2015. Aujourd’hui, il se lance un nouveau défi. Un défi physique, il s’agit pour lui de traverser à la nage les ports de Sainte-Maxime et de Saint-Tropez, le 14 juin 2019 prochain.

Une traversée à la force des épaules

Une idée « folle », encouragée par la traversée de Philippe Croizon mais surtout par les exploits de Thierry Corbalan, surnommé le Dauphin corse avec qui Tony Moggio est entré en contact. Tony Moggio monte le dossier rapidement, prévient les mairies des communes concernées, le CROSSMED (centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage en méditerranée) et la direction départementale des territoires et de la mer et les sauveteurs en mer.

Sur ce défi, tout est à faire et à mettre en place. Tony Moggio est tétraplégique, il ne peut bouger ni les bras ni les jambes mais il conserve des muscles dans les épaules. C’est grâce à ces derniers qu’il peut bouger ses bras et nager un « dos à deux bras » comme l’explique l’un de ses entraîneurs, Rudy.

A raison d’au moins une séance de piscine par semaine de plusieurs heures, Tony Moggio teste le matériel et retrouve des sensations. « C’est énorme », raconte-il, « comme le corps n’oublie pas ». Tony Moggio raconte qu’il retrouve cette sensation de « bonne fatigue » à la fin de l’entraînement.

Un matériel sur mesure

Pour permettre à son corps de rester à la surface, Tony Moggio est sanglé sur un Sofao de la société Joëlette, une sorte de chariot flottant. Sur ses bras sont sanglés des palmes spécialement conçues pour lui par l’entreprise Albatros France, ce sont elles qui lui permettent d’avancer dans l’eau.

Tony Moggio estime à 3 ou 4 heures le temps qu'il lui faudra pour rejoindre les deux ports - Radio France
Tony Moggio estime à 3 ou 4 heures le temps qu’il lui faudra pour rejoindre les deux ports © Radio France – Charlotte Jousserand

Après les séances en piscine, Tony Moggio commencera dans quelques semaines les entraînements en lac pour tester une nage avec un peu de courant et puis surtout commencer à enchaîner des distances de plus en plus longues. « Pour le moment, l’endurance reste la principale inconnue », explique Rudy, « l’objectif n’est pas d’aller le plus vite possible mais de lui permettre d’économiser au maximum son énergie grâce à des techniques de nage ». 

Trois à quatre heures d’effort en mer

Tony Moggio a calculé le temps qu’il lui faudra pour parcourir ses 4 kilomètres, « entre trois et quatre heures mais je connais, si je me sens bien le jour J quand je suis dans l’eau je vais vouloir le faire le plus vite possible ».

Tony Moggio reste un compétiteur avec son handicap. Il souhaite faire passer un message « aux personnes en situation de handicap mais aussi aux valides pour dire que rien n’est impossible et qu’il faut se fixer des objectifs pour continuer à avancer ».

Sur le bord de la piscine, à chaque séance, son épouse Marie l’encourage. Au départ, ce défi l’a un peu inquiétée mais elle s’est laissé convaincre par l’enthousiasme et surtout par la détermination de son mari. « C’est Tony, quand il a une idée en tête, il fonce et je sais qu’il ne prendra aucun risque ». Les parents de Tony suivent également tous les entraînements. Son père est dans l’eau à ses côtés pour aider à déplacer le fauteuil flottant, le Sofao. Jean-Claude accompagne son fils partout : « Il m’impressionne. Déjà, quand il a écrit son livre j’étais impressionné et là je le suis encore. Il n’arrête jamais ».