«Un tétraplégique qui traverse la mer, ce n’est pas commun»… Le nouveau défi de Tony Moggio, le talonneur brisé

EXPLOIT Le trentenaire, handicapé depuis 2010 à la suite d’un accident de rugby, s’entraîne pour relier à la nage les ports de Sainte-Maxime et Saint-Tropez…

Nicolas Stival

Tony Moggio à l'entraînement dans la piscine de Saint-Alban, près de Toulouse, avec son entraîneur de natation Christophe Vidoni.
Tony Moggio à l’entraînement dans la piscine de Saint-Alban, près de Toulouse, avec son entraîneur de natation Christophe Vidoni. — N. Stival / 20 Minutes
  • Le défi de Tony Moggio est programmé pour le 14 juin 2019.
  • Quand il ne prépare pas cette traversée, l’ex-joueur de rugby donne des conférences et termine son deuxième livre.

La vie de Tony Moggio a basculé sur un terrain de rugby, le 7 février 2010. Après une mêlée lors d’un match amateur sur la pelouse de Labarthe-sur-Lèze, en Haute-Garonne, le talonneur de Castelginest s’est retrouvé tétraplégique et cloué sur un fauteuil. Moelle épinière rompue. Mais l’homme, âgé aujourd’hui de 33 ans, est un battant.

 

Après avoir sorti un livre, Moi, Tony Moggio, talonneur brisé (éditions Privat), en 2015, il s’est lancé un nouveau défi : relier les ports de Saint-Maxime et Saint-Tropez, dans le Var, à la seule force des bras. Comme cadre de ce futur exploit, l’ex-militaire puis cheminot a choisi un endroit où il a toujours passé ses vacances…

En 2010, je ne ressentais pas vraiment le besoin de me remettre au sport, plutôt celui d’écrire. Mais huit ans plus tard, j’avais le sentiment, le matin en me levant, d’avoir perdu mon identité de sportif. »

La traversée du golfe de Saint-Tropez sur quatre kilomètres environ, programmée le 14 juin 2019, sera le résultat d’un entraînement de longue haleine. Tony Moggio l’a intensifié depuis la semaine dernière, à raison de deux à trois séances hebdomadaires d’une à deux heures à la piscine de Saint-Alban, dans la banlieue de Toulouse. Allongé sur le dos dans un fauteuil spécialisé SOFAO, il s’aide de palmes adaptées. Plusieurs sorties dans un lac de Saint-Jory, pour se rapprocher des conditions de mer, sont également programmées.

« Il ne sera pas question d’aller le plus rapidement possible. Ce sera une croisière de 3 h 30 ou 4 heures. » Mais pourquoi avoir choisi la natation ? « Dans l’eau, je me sens léger, j’avance, réplique l’ancien rugbyman. Et puis, un tétraplégique qui traverse la mer, ce n’est pas commun ! Je cherche à véhiculer un message d’espoir pour tout le monde. Car s’il y a des personnes en fauteuil qui sont tristes, il existe aussi des valides tristes. »

Christophe Vidoni, maître-nageur mais pas que…

Pour l’accompagner dans ce défi, Tony Moggio peut compter comme toujours sur sa famille, en termes de logistique et de communication. Côté entraînement de natation, c’est un ami de longue date, Christophe Vidoni, qui s’en charge. « Quand il m’a contacté durant l’hiver, j’ai dit OK, confie ce maître-nageur, également moniteur de ski l’hiver et ancien champion du monde de kick-boxing. Le plus gros défi, c’est la gestion de l’effort pendant quatre heures, la fatigue, l’alimentation. Mais je suis agréablement surpris par les entraînements. Le mouvement est bon, bien symétrique. »

La préparation de ce nouveau défi prend forcément beaucoup de temps. Mais la vie de Tony Moggio ne se résume pas au chlore des piscines. Le trentenaire donne des conférences autour du handicap, de l’optimisme et de l’espoir. « Je prépare un deuxième livre, basé sur la prévention des blessures dans le rugby », ajoute-t-il. Sortie prévue en fin d’année, quelques mois avant la traversée du golfe de Saint-Tropez.