Tony Moggio, le livre de l’espoir par ladepeche

Tétraplégique après une mauvaise mêlée sur un terrain de rugby en février 2010, Tony Moggio s’est raconté dans «Talonneur brisé», un livre publié en 2015 par les éditions Privat. Imaginé pour tourner la page, ce livre s’est transformé en vrai succès et stimule, plus que jamais, l’ancien joueur de Castelginest XV.

Ses yeux clairs traduisent le plaisir de recevoir. Tony Moggio n’a pas changé. Enfin presque. En octobre 2015, nous l’avions quitté devant le pub de Trevor Brenan, à Castelginest. Il signait son livre et ignorait si le succès serait au rendez-vous. Quatorze mois plus tard, il affiche le sourire de celui qui a réussi. «À Castelginest, j’en ai signé plus de 300 je crois. Il a fallu en ramener le lendemain à la maison de la presse. Ce livre, j’y ai cru, j’en avais besoin. Il est allé au-delà de mes espérances».

Avec Philippe Motta à l’écriture, «Talonneur brisé» offre davantage que le récit d’une vie qui a failli s’arrêter à 25 ans au cœur d’une mêlée mal embarquée. Les cervicales qui ont lâché, «le trou noir» quasi immédiat et l’inconnue en forme de paralysie qui s’est imposée après deux arrêts cardiaques. Tony Moggio avait choisi de se raconter et il a surtout offert à ses lecteurs un voyage initiatique au fil d’une vie différente «mais qui mérite toujours autant de se vivre».

Le livre témoignage se vend encore. Combien ? Tony ne sait pas trop. «Chez Privat, on m’avait dit que 2 000 serait déjà un gros succès. On serait à plus de 7 000», sourit l’intéressé. Infatigable témoin, il a arpenté pelouses et tribunes, d’Ernest-Wallon à Toulon, de La Rochelle à Castres et même au Stade de France lors du choc face aux Blacks, en novembre. «Les Blacks, à la télé sont déjà costauds mais sur le terrain…» L’amateur de rugby garde des étoiles dans les yeux. Pourtant, il situe l’important ailleurs, dans ces anonymes qui l’approchent, en larmes ou avec de grands sourires.

«Les témoignages me touchent beaucoup. Les gens m’abordent, me demandent des nouvelles, où en sont mes projets. Cela me donne l’envie de continuer, d’aller là où personne ne pense que je peux aller !»

La «famille» du rugby lui a ouvert ses portes et lui porte une parole, celle de l’intégrité physique des joueurs, notamment les enfants. «Il ne faut pas faire n’importe quoi». Au Creps à Toulouse ou dans les écoles de rugby, il raconte, se raconte. Et il n’oublie pas ses frères de handicap devant qui il tient des conférences «où je montre que rien n’est impossible quitte, parfois, à bousculer les habitudes et les certitudes». Et avec les maillots du Top 14 signés, il garde en souvenir la lettre envoyée au Président de la République, celle reçue et signée du Prince Albert de Monaco ou cette rencontre du côté de Saint-Tropez avec le Prince Philippe de Luxembourg. «Une soirée caritative avec des acteurs, des vedettes. Avec Marie, nous nous sentions un peu petits. Finalement, ces gens savent rester très simples.»

Et son handicap dans tout ça ? Sûrement pas un frein. «Une fois j’ai dû refuser une invitation, celle du Racing. La veille, j’étais à Pau. Les deux, c’était trop.» Même avec une volonté sans faille, il faut parfois accepter de dire non. «Avec toutes ces sollicitations, notre voyage de noces a été reporté. Et Marie ne porte pas encore mon enfant ! regrette Tony. On va prendre le temps de s’en occuper. Promis !»


Un nouveau livre, pourquoi pas un film ?

«Talonneur brisé» se vend encore en libraire mais Tony Moggio pense déjà à demain. «Le livre, avec Philippe Motta, nous avons travaillé dessus sans rien dire tant qu’il n’était pas terminé. J’aime parler des choses quand elles sont accomplies, pas juste des projets…» Les éditions Privat, son éditeur, évoque quand même un nouveau bouquin sur les grands blessés du rugby. «On y réfléchit», admet Tony Moggio qui aimerait bien, aussi, porter «Talonneur brisé» à l’écran. «J’ai quelques contacts mais, là, vraiment, c’est trop tôt». Et le rugby aussi, côté dirigeant cette fois «pour m’occuper du handisport au comité Midi-Pyrénées». «Je suis handicapé mais je peux faire des choses», assure Tony Moggio. Plus personne n’en doute.